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Parmi les chuchotis des murs les chuchotis d’entre les pavés, j’ai entendu :

« un soir ...
au coeur des cortèges
au coeur des corps rage ...
»

et puis plus rien.

J’ai pourtant entendu bruire, en mélodies prometteuses.
À tel point que, toute excitée de l’utope, je me suis mise à scruter,

seule, chaque soir         un filament éclatant à la tombée du jour

                                       le signe d’une amorce

                                       déclic

Seule, chaque soir, agrippée au firmament, je scrute encore.

Au crépuscule, pour agrémenter la patience, j’enflamme la mèche d’une bougie.


*


 

Rejoignant les cortèges
de corps courage,
j’ai découvert que le susurrement engageant vibre.
Au creux des pénombres des voûtes buccales,
des instruments s’accordent, s’échauffent.
Parfois, un choeur s’improvise trépidant et parcourt les corps

frissonnants.

Puis s’interrompt.                                                                                                                  Quelque part en Syrie, le Rossignol Ibrahim Qashoush *

***************Clap de couvercle sur poubelle

***************Bris de vitres écrans

***************Crissement de barrière sur le goudron

***************Caillasse en chandelle
***************La voûte s’assombrit, nous sommes en journée.

************************************************Peut-être que

et puis rien.

J’ai découvert comment jeter au compost la déception
à chaque moment d’embrasement de la mèche de la bougie,

après que le murmure du cortège ne m’ait rien confié de plus.

Au fur et à mesure des soirs,

ici
et là,
d’autres flammes

aux mèches.

Le Soleil est au Nadir.
Dans le compost, attendre, laisser digérer les vers, leur faire confiance – surtout.


 

*

 

Un matin, l’éclat de l’aurore amenuise un temps les ombres, révèle les absurdités monde et leurs dégâts.

 

Alors je l’agrippe, que ce matin tisse les filaments aubéens et les liens précieux que la nuit noue ; que l’armure résiste, mailles bien serrées.

J’entends que le chuchotis se meuve en bruissement dans les arbres des cabanes en bourdonnement à la jonction des barricades en souffle secret aux frontières ; dans les galeries fourmille la promesse.

Puis,
au corps la rage,
voir mieux après la larme chargée par le gaz
sentir les étreintes d’une famille choisie, secouée par la nasse
goûter la saveur des mots arrachés par la frousse
mots entendus par bribes par relent
mots écoutés par les muqueuses du bide à vif humant les vapeurs de cendres mouillées,

éreintées par des gargouillements prévenant la gerbe imprégnant le verbe faire

La promesse se tient entre nos corps lorsque la grotte que l’on trimballe s’unit

aux grottes des autres, lorsqu’elles se considèrent,
pour enfin ressusciter les veillées,
dans le jour

dans la nuit
à la lueur des bougies

pour enfin exciter les polyphonies

appelant le grand soir dans l’aube

appelant le grand soir à l’aurore

appelant le grand soir quand le crépuscule

interpelle le jour interpelle la nuit :

« Chuchotis... »

Toutes les aubes suivantes
le frémissement irradie les nerfs

porter les bougies de la conflagration

hors les murs
embarquer sur nos épaules le pavé
se parer des goudrons, bomber les forces

utiliser les déchets comme outils

les mépris comme armes

Pousser des portes
Porter des cris
Cribler les camisoles
Isoler les rapaces
Assembler les peines avec du fil cueillit méticuleusement aux veines d’aurores désormais infinies

Alors

CHUCHOTER !

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