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Les nuées de mots crachés, de tissus cousus, d’espoirs brodés

que je (nous!) tente d’assembler implosent dans le sentiment de l’urgence et de celui du dégoût.
De l’urgence de dire,

de l’urgence de rendre beau,

de l’obligation de tirer les ficelles à l’aveugle, ficelles tressées à l’aide de nos poils, de nos cheveux, de bouts de plastiques glanés partout où ils atterrissent, où ils flottent. Et quand rien de tout ça n’existe, tisser les ficelles avec les mots.
 

 

Ces gestes de création trouvent, pour moi, leur importance lorsqu’ils permettent de rassembler,

de faire ensemble, 

de regarder droit dans les yeux, 

hors des récits qui prennent toute la place,

hors des récits qui lissent,

creux et crasses.
Hors de la soif de richesses mirages.

Je crois que les récits peuvent tout, et je crois que les récits les plus médiatisés sont poussiéreux, tristes, dangereux, et qu’ils écrabouillent la richesse depuis des lustres.

 

 

 

 


Il doit bien exister un assemblage.
Il doit bien exister un assemblage qui rende au quotidien sa douceur et aux hommes leurs beautés. Il doit bien exister un assemblage qui ôte l’immense absurdité des frontières et le poison de la peur dans les terres et dans les chairs.

 

 

 

 

J’évolue en terres stéphanoises depuis mon arrivée à l’école des beaux-arts de Saint-Étienne. Années de retour à la source, puisque je suis née à la clinique michelet en 1994. Ici, je le considère comme mon nid.


J’ai grandi au Puy-en-Velay, y ai passé mon bac ES, y ai fait mes premiers pas dans le milieu social (un service civique en maison d’enfants, un début de formation d’éduc spé à Firminy, que j’ai mise de côté rapidement). J’ai travaillé 2 années pour des entreprises d’aide à domicile, l’oxymore m’a déçue. J’ai tenté de découvrir une des visions clermontoise du social, et puis je suis passée devant l'école des Beaux-Arts quotidiennement.

Ce qu’il me reste de ces années, ce sont les rencontres privilégiées, les moments difficiles partagés et les énormes joies quotidiennes.

 

J’arrive à l’école des beaux-arts. Je ponds un diplôme qui me déçois, loin de ce que je découvre lorsque je prends la décision de ne plus revenir en 4ème année. Entre temps, le mouvement des Gilets Jaunes et les heurts avec l’imbécilité en armures et en armes, le flirt avec l’incompréhension. 
Et puis, une fin de trêve hivernale et des expulsions d’autres-moi pendant l’inauguration d’une biennale « Me You Nous, créons des terrains d’ententes. » Des réponses insuffisantes et biaisées. Et puis, les occupations, les squats, les confinements. Et puis, des rencontres, des amitiés, de l’amour. Et puis la perte, les heurts avec la honte en armures et en armes, le flirt avec la rage. 


Je ne sais pas quoi faire d’autre que transformer la colère (merci Audre Lorde), l’impuissance et la tristesse, les appâter toutes les trois à l’aube et leur faire passer les portes de l’aurore métamorphosées. Je ne sais pas quoi faire d’autre qu’injecter dans le morose une bonne dose de couleurs dans les yeux vitreux une bonne dose de possibles.


Je n’ai toujours pas trouvé la solution contre les inégalités crasseuses et maintenues comme telles, le bec dans l’eau et la misère. J’en ai trouvé des miettes (de solution) dans la création collective. Mais comment les conglomérer, ces miettes ? Comment les rendre monstrueuses ? Comment aider aux changements concrets, comment les faire advenir hier ?

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