Comment justifier une frontière lorsqu’on a observé que les mouvements de la mer et les mouvements du ciel n’ont rien de différent ?
Ceuta, l’énième image
je ne veux plus me brûler l’oeil sur l’écran
je ne veux plus savoir d’ici, j’en rendrais les tripes.
Bouffez les si ça vous chante,
j’appareille.
Les bras m’en tombent de ne pouvoir
enlacer
tendre une main gifler de l’autre
tandis que pourrissent mes organes l’un après l’autre
tête liquéfiée je me tords de honte
(je le sens dans le thorax
je sens qu’ils ont tort !)
Un homme dans une mer
salée, transpirante déception
à la vision d’une terre qui s’affaisse sous une muraille uniformes.
Un homme dans une mer salée.
Des rebuts plastiques vides en dessous des muscles de l’émerge
pour ne pas couler
Des larmes qui repoussent la mer salée
pour ne pas couler
Toi et nous
dans l’air étouffant, enclavées,
nous sommes sur la plage, sans membres, spectres,
derrière le barbelé militaire armé jusqu’aux os
et nous entendons le clapotis de la mer sur leurs bottes béton
toc-toc suppliants.
L’air s’est arrêté net.
D’ici, on peut lire « Coke »
Qu’attendre ?
Bientôt un nouveau continent émerge
dans la mer d’accueil
à côté du continent plastique.
À la lisière du ciel/mer
un dos voûté.
Dessous, la partie immergée.
Qu’attendre ?
Je ne sais pas où vomir ici
mes chairs ont glissées sous ma carcasse et ma carcasse concassée au large.
Dans ce qui pourrit : ça bulle de rage.
Bulle
Fort fort fort fort fort
incanter pour téléporter ces
bulles
sous l'corps qu’est dans la flotte
pour pas qu’il coule
fort fort fort fort
sout'nir la flottaison
à coup d'litanie aqueuse
jusqu’à ce
bulle
jusqu’à ce que croule l’infamie mirador
et ses murailles avec, croule
arrache du mot frontière sa valeur
bulle
jusqu’à entrer dans le cadre
arrêter l’image atroce dans un rugissement collectif
Accroche-toi !