Les paresseux et associées sont celleux qui s’accommodent de l’enduit gluant sur leurs paupières opaques. Celleux qui en remettent un couche pour voir mirage et avancer hors-sol.
Je poétise quand les yeux brûlés par l’évidence se vident dans le bide. Il vaut mieux ça, que de se taire *
Je poétise
puisque les paresseux
font l’aveugle-œil la sourde-oreille le coeur-percé
devant l’émulsion enivrante.
Pas un effort d’attention devant les rages qui grouillent.
Puisque les paresseuses, eux
cantonnent aux brides d’un sens étanche et défraichit
les mots, leurs richesses.
Puisque les paresseux.ses
sont incapables de se heurter aux récits des mille voix
des cent mille goûts
vécus, prémâchés, dégurgités
présentés sur des plateaux-langues palais
sur des étendues papier, sabres vifs.
Pas un spasme en avant.
Les ravages sont dédaignés.
Ielles ont volé la paresse (comme tant d’autres merveilles)
Alors en retour, la voici qui scelle leurs cils à l’acide
en leur chantant des louanges par dessus les cris.
Ielles ne savent pas
les pages qui se dissèquent et les mots qui débordent,
les fenêtres qui se dégondent (évolution : seuil)
le vivant qui se regarde droit dans les yeux.
Puisque des femmes, des hommes, des nous autres
meurent dans l’angle-mort des voleurs de langueur, meurent dans l’angle-mort des voleuses de paresse.
Je veux dire :
ils,
elles,
meurent.
Là je ne poétise pas.
Je poétise pour leur arracher l’oeillère.
Pour que la justesse s’ajuste la paresse ignore l’oeil dupeur
enfin qu’elles accompagnent celleux qui ouvrent des yeux orbites
enfin qu’elles soulagent les iris calcinés
enfin qu’elles quittent les lâches en leur ébranlant la conscience.
Je poétise pour paresser au creux de la simple
caresse langoureuse
de la vie qui anime et quitte les corps,
respectés comme corps vivants riches et puissants
de nous autres.
Des nous
membres.
*Audre Lorde - Une litanie pour la survie